Chronique de Concert
The Liminanas & Howlin' Jaws
La Coopérative de mai, Clermont-Ferrand 26 mars 2022
Critique écrite le 31 mars 2022 par Pierre Andrieu
Grand concert des Limiñanas à La Coopé dans le cadre d'une tournée passant partout en France pour porter la bonne parole psyché transe garage découlant de leur magistral album enregistré avec Laurent Garnier, "De Pelicula" (une interview à propos de ce super disque est à lire ici... ). En première partie, d'autres Français, plus jeunes, les très bons et particulièrement remontés Howlin' Jaws, venus, eux, balancer à la hussarde leur "High energy Rock'n'Roll from Paris" avec une ardeur jubilatoire, même pas gâchée par un son relativement merdique, comme pour les Limiñanas juste après d'ailleurs.
Howlin' Jaws
Vus très à leur avantage dans le club de la vénérable salle clermontoise citée plus haut pour les Nuits de l'Alligator 2019, les Howlin' Jaws attaquent bille en tête, tels de jeunes loups aux dents rayant ostensiblement le parquet. Les trois beaux gosses lookés rockab fifties sont là pour tout casser avec des titres empreints de musique des années 50 et 60 (Elvis & The Beatles), certes, mais joués par des furies fans de garage punk. Donc, c'est un peu vintage, les fans de rockabilly adoreront (il y a même parfois de la contrebasse, comme chez les Stray Cats), tout en étant furieusement actuel et plein de vie. Dans le temps qui leur est imparti, les mecs prouvent l'étendue de leurs talents pour composer et interpréter des morceaux qui claquent (dont le tube érectile "Heartbreaker"!) et donnent envie de tout casser. Le public de vieux rockers des Limiñanas (à, vue de nez, entre 500 et 600 personnes) ne se livre pas à des déprédations et reste assez stoïque, mais apprécie la démonstration à sa juste valeur, puisqu'il réserve une belle ovation finale aux Howlin' Jaws.
The Limiñanas
Ravi de revoir les Limiñanas à domicile après leur prestation bien envoyée à Angers pour Levitation France fin septembre 2021, notre enthousiasme est un peu douché dès le début du show par la qualité du son, qui est médiocre (pour rester poli). C'est incompréhensible compte tenu du fait que le système de son a été changé et qu'il a permis de profiter d'un moment absolument parfait avec The Divine Comedy il y a une semaine... Bref, ce sont les aléas du direct, il faut faire avec, et on finit par s'habituer à ce son. Et puis la qualité du set de Marie & Lionel Limiñana et de leurs solides acolytes permet d'oublier un peu.
Après une introduction avec le talk over de "Saul", le ton est donné avec "Je rentrais par le bois... BB" : la soirée sera axée sur le transe krautrock, avec pas mal de morceaux étirés pour faire décoller le public, qui ne demande que ça. Les sept desperados basés à Cabestany, près de Perpignan, ne sont pas là pour enfiler des perles, ils sont venus pour présenter un panorama complet sur leur discographie. Avec un petit arrêt sur l'album de L'Epée, mis en boite avec Anton Newcombe et Emmanuelle Seigner (le tube "Last Picture Show"), mais également sur le formidable disque "Shadow people" produit par le même Newcombe ("Istanbul Is Sleepy", balancé au micro par le très bon Ed Pistolas, ou encore "The Gift" et sa ligne de basse à la New Order), sans oublier des vieilleries jouissives comme "Down Underground" ou encore "Crank", et bien évidemment de fréquents arrêts sur "De Pelicula", comme le trippant "Juliette dans la caravane".
Seul bémol de toute la soirée, le titre "Dimanche", qu'on adore avec Bertrand Belin, est chanté d'une voix trop fluette et aiguë par Renaud Picard. Mais à part ça, c'est un sans-faute, le final du show s'avérant titanesque. Avec "One of Us, One of Us, One of Us", un instrumental enregistré avec Pascal Comelade sur lequel son musicien multi instrumentiste Ivan Telefunken s'en donne à cœur joie en fond de scène. Avant qu'Ed Pistolas ne fasse son Iggy sur le démoniaque "Que Calor !", imparable porte d'entrée vers un doublé kraut rock intersidéral avec une reprise de Can "Mother Sky", puis un des meilleurs titres de "De Pelicula", "Steeple Chase". Waouh, cette classe ! Signe que tout ça est très bon, on aperçoit devant nous un type qui semble avoir définitivement dévissé et qui danse comme Bez des Happy Mondays !
Ce concert de haut niveau se termine avec une version bien punk du méga hit des Undertones, "Teenage kicks", vociféré à s'en faire péter les cordes vocales par l'intenable monsieur Telefunken, complètement hystérique. Et en rappel, c'est pas mal non plus : Marie Limiñanas lâche sa batterie pour chanter impeccablement deux titres "My Black Sabbath" et "Je m'en vais" (qui sonne comme du Suicide, yeah !), avant que le groupe au complet n'enchaîne avec l'instrumental "Train Creep A-Loopin", formidable montée kraut psyché de la mort. Canon, ce concert...
Une interview des Limiñanas réalisée lors du festival Levitation France fin septembre 2021 est à lire ici...
Photos : Yann Cabello www.yanncabello.com, www.facebook.com/yann.cabello.7, twitter.com/YannCabello, instagram.com/yanncabello...
Liens : theliminanas.bandcamp.com/album/de-pel-cula, www.facebook.com/theliminanas, twitter.com/theliminanas, www.theliminanas.com, www.instagram.com/the_liminanas...
Critique écrite le 31 mars 2022 par Pierre Andrieu
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