Chronique de Concert
Tool
12 titres, 2 heures 37 de show sans pollution lumineuse et 10 minutes de pause pipi chronométrée, voilà la chronique rapide du concert de Tool, hier, à l'Accor Arena.
21h03, le noir salle se fait même si certains malchanceux font encore la queue pour déposer leur sac à dos à la consigne (désorganisation de Bercy/20) et la salle gronde de plaisir. Derrière un immense rideau de filaments qui va servir d'écran de projection pendant les presque 40 premières minutes du show s'installent Adam Jones, Justin Chancellor et surtout, Danny Carey, probablement un des batteurs les plus incroyables qu'il m'ait été donné de voir. Les hostilités commence avec "Fear Inoculum", tiré du dernier effort éponyme du groupe. Maynard James Keenan finit par apparaître sur un praticable en retrait, celui-ci ayant définitivement quitté le devant de la scène. Bien que puissant et finalement très intéressant sur disque, ce titre est malheureusement un peu gâché par la bouillie auditive que nous réserve Bercy pour l'instant et le problème ne sera pas réglé avant la fin de la chanson. Heureusement, plus le concert avance, plus l'équilibre se fait et on en vient à oublier ce faux départ. "Opiate" suit de près, même si Maynard, après avoir changé de praticable (ceux-ci encadrent la batterie, placée en plein centre de la scène), se fend d'une communication avec son audience (la première et dernière avant le dernier morceau). Le public est ravi de ce retour aux fondamentaux et bien que la configuration 100 % assise de la salle soit un peu surprenante, cela n'entache pas l'énergie dégagée par toutes les âmes rassemblées en ce jeudi soir.
Mais l'enchaînement le plus incroyable restera pour moi le suivant : "The Pot", "Pushit", "Pneuma", "The Grudge". Prenez-vous ça dans la face, j'ai envie de dire. La ligne de chant de la première, l'intensité de la seconde, les incroyables climax de la troisième et puis tout simplement "The Grudge", c'est une sorte de KO debout (enfin assis). Tout est carré, en place, et l'imagerie ésotérique du groupe, pas toujours à mon goût, fonctionne tellement bien une fois animée autour des musiciens. On a davantage l'impression qu'ils sortent des images que celles-ci ne sont projetées autour d'eux. Suivent ensuite "Right in Two", "7empest" et "Hooker with a Penis" pour conclure le set principal. Carey est toujours aussi impressionnant de maîtrise, on ne se lasse pas de l'observer, même si Jones et Chancellor ne déçoivent pas non plus, arpentant le devant de scène presque à la manière de fauves en cage pendant que Maynard James Keenan fait du Maynard James Keenan tel qu'on le connaît. Le show est total et on en vient à se demander comment ils peuvent réussir à faire tout ça à seulement 4 musiciens.
Vient le rappel / la pause pipi chronométrée, donc, puis le concert repart pour trois titres aux objectifs divers. Le premier est une "simple" mise en avant de la technique de Carey derrière les fûts et même pour les non aficionados de l'instrument, on peut difficilement ne pas rester scotché. "Culling Voices" vient ensuite, avec les 4 membres du groupe rassemblés devant la scène (folie), avant la conclusion de la grand-messe de ce soir avec Invincible. Là, MJK autorise la salle (quasi ?) complète à faire usage des téléphones portable, en haranguant les premiers rangs à ne pas faire usage du flash. Il y a un léger côté diva, on ne va pas se le cacher, mais c'est comme ça. Et une fois cette autorisation donnée, c'est presque un spectateur sur 3 qui dégaine l'objet du démon. Y'a pas à dire, c'était mieux sans !
On ressort de là en se disant que malgré le prix des places (exorbitant, on va pas se mentir) et la relative désorganisation du lieu, ça valait le coup de venir partager un si beau moment avec tous ces gens. Dans la salle autour de moi, presque tous avaient sur le visage une expression à mi-chemin entre celle du ravi de la crèche, du philosophe pénétré et du junkie qui vient de se faire le meilleur fix de sa vie. Ce concert était lourd, plutôt généreux même si tant de titres manquent à la setlist, et à la fois cathartique et douloureux. À l'image du groupe, donc.
Critique écrite le 13 mai 2022 par Coline Magaud
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> Réponse le 13 mai 2022, par Magnus qoslo
[Accor Arena Bercy - 12 mai 2022] Je me retrouve totalement dans cette critique ! Quel show tant pour les yeux que les oreilles ou encore ... le cur et les tripes. Oui, après le passage de "Pneuma et "The grudge" j'étais comme ko d'émotions ... Et je me suis demandé alors si le sommet du concert n'avait pas été atteint tellement je n'avais jamais jusqu'alors ressenti une telle émotion. Et alors je me suis rassuré en disant qu'avec mon titre préféré "Descending" l'estocade finale était encore à venir... Hélas le concert de Paris a été l'un des rares de la tournée à faire l'impasse sur ce titre fabuleux ... Je l'ai compris quand "Tempest" a été amorcé. J'ai honte je l'avoue mais alors ma déception a pris le dessus jusqu'à ce qu'"Invincible" vienne ponctuer magnifiquement ce concert "monstrueux". C'est bien le problème... La suite | Réagir
> Réponse le 13 mai 2022, par Manudiesel
[Accor Arena - 12 mai 2022] Je voulais ajouter un mot à cette critique et parler de la désorganisation totale de la salle. J ai fini par apporter mon sac à dos à garder dans un bar juste à côté (merci au serveur) après 50 minutes d'attente juste pour poser ce foutu sac... Ensuite, je suis rentré pour voir le dernier morceau génial de la première partie et m'apercevoir qu'il y avait des consignes payantes à l'intérieur. J'ai failli rater mon premier concert de Tool à cause d'une organisation d'un niveau amateur pour gérer des files d'attente. Tool a été monstrueux, de bons sons de boucle métal envoûtantes mais je pense que pour les centaines de personnes bloquées avec un sac à dos alors qu'elles étaient venues des 4 coins de la France (voire de l'Europe) ce fut une douche froide inoubliable. J'aimerais tellement... La suite | Réagir
> Réponse le 14 mai 2022, par Grégory Cros
[Paris Accor Arena - 12 mai 2022] Très bon show mais organisation déplorable concernant les sacs à dos, qui nous a fait raté la première partie alors qu'on était arrivé en avance. On a failli rater Tool aussi... Vu le prix exorbitant des places, on attendait plus de respect du public. Ce sera donc une première et une dernière pour moi ! Réagir
> Réponse le 15 mai 2022, par Lolo
Bon, Tool... vu 3 fois : 1992, 2006 et 2022 ! En tant que musicien moi même je vais d'abord commenter le son : pas terrible au début et Maynard pas dedans. Ça se règle au fur et à mesure mais bon trop de basse et la voix est trop derrière. Passons les états d'âme de diva de Maynard : on a l'habitude ! Nette amélioration des jeus de lumières ceci dit... Notre ami Adam se plante parfois sur quelques parties solo et laisse sa Les Paul pour une V sans net changement de son, Justin fait du Justin avec son look de garçon de café... Lui, il assure, il fait son job. Enfin Carey ben là c'est la claque quoi, énorme ! Bilan des courses : pas le meilleur Tool ! Maynard derrière ça fonctionnait bien en 2006 mais là pas de surprise... Revenez aux bases les gars : le public parlez lui, faites le jouir... La suite | Réagir
> Réponse le 15 mai 2022, par Frank
Très douloureux gâchi d'un super concert, bien décrit par la chronique, par une securité-gestapo qui a arpenté les rangs tout le concert pour nous faire reprendre votre place quand un pied débordait dans le couloir ou pour nous flasher littéralement à la lampe torche quand un vigile avait le moindre soupçon de prise de photo. J'étais déjà bien dégoûté par ce flicage continu quand mon voisin a carrément été extrait des rangs par 3 baraques en tenue de commando. Une erreur de personne suivie d'excuses certes répétées et appuyées, pour faire sortir un autre gars, lui faire ouvrir les photos de son smartphone pour les vérifier. Le pire moment de ma vie d'amateur de rock longue de 43 ans, et la pire ambiance jamais connue. La sécurité n'a certainement fait qu'appliquer très strictement les... La suite | Réagir
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