Accueil Chronique de concert Wolfmother + The Black Angels
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Chronique de Concert

Wolfmother + The Black Angels

Wolfmother + The Black Angels en concert

Le Bataclan, Paris 25 janvier 2010

Critique écrite le par



C'est toujours quand on pense en avoir fini avec les concerts-où-l'on-monte-exprès-à-Paris qu'une nouvelle affiche est annoncée, quelques mois à peine après la précédente et dans une salle encore inconnue. Revoir Wolfmother justifie-t-il une nouvelle mini-virée ? Tout est dans le "re", le problème est qu'on est resté sur une assez ébouriffante mais horriblement courte première prestation en trio à Rock en Seine 2006, qui nous avait soufflé. A l'époque, ce qu'on croyait être un groupe n'avait à défendre qu'un assez formidable premier disque, mais depuis il en a sorti un très plaisant deuxième. Alors peu importe que le line-up ait presque entièrement changé puisque l'auteur/compositeur/entertainer principal, et au fond le seul qu'on voyait vraiment sur scène, le formidable Andrew Stockdale est toujours là, et qu'il joue dans une salle petite et bien réputée. Banco !


Séquence Routard/Concertandco : L'extérieur du Bataclan, fringuant jaune et rouge dans l'après-midi, est bien tristounet et sombre la nuit, tout comme l'affichage du concert du soir qui fait bien pâle figure comparé à celui, en lettres rubis, de l'Olympia. De plus l'entrée est compliquée puisqu'elle cumule tous les handicaps : une seule porte, une seule file, les vestiaires juste devant l'entrée, et le carrefour de l'accès au bar, au merchandising et aux toilettes juste derrière... Tout ça pour être fouillé n'importe comment - devant tant de désinvolture, ça n'aurait même pas été drôle de cacher l'appareil-photo que l'on a réussi, il faut le faire, à oublier ce soir. A part ça, pisse de rat hors de prix servie au bar - la routine. Cela étant une fois dans la fosse, l'essentiel est préservé : la salle austère mais plutôt belle et surtout, la vue est bonne et le son à peu près parfait...


La première partie donc, c'est les riants texans de The Black Angels, qui ont bien sûr déjà bien commencé, le temps qu'on arrive à l'intérieur. Avec un rock à visée mystique/psyché/noisy (cf son nom très plan-plan, imaginez le même en français, vous iriez les voir ?), le groupe est heureusement porté par la voix nasillarde mais assez fascinante du chanteur/bassiste à barbe et bonnet (dans le genre même genre prêcheur, habité et urgent, de David Eugene Edwards). Il y a aussi une fille très douée à la batterie qui assure la partie coups (et blessures).

Le reste de la bande, look grunge barbe-chemise bucheron (il y a même un vague sosie de Thurston Moore), n'est pas forcément aussi convaincant, faisant un gros raffut qui n'est pas tout le temps agréable à l'oreille. Mais les réglages y sont sans doute pour quelque chose : sur disque, leur son est vraiment bien ! Leur air concentré de groupe chamanique est un peu surjoué, à moins que ce ne soit de la timidité. Il y a toutefois des bons moments, où la transe agit temporairement, notamment quand un deuxième cogneur vient prêter main forte à la miss. Un titre presque rockabilly, interprété avec ce son, donne un beau résultalt - celui-ci, c'est sûr, ne figure pas sur l'album.


Au fait, malgré un paquet d'écoutes de leur premier disque, sympa mais un peu monocorde, il est difficile d'en mémoriser le moindre titre, on ne peut donc que spéculer qu'ils ont joué la plus grande partie de Directions to See a Ghost, sauf erreur notamment Deer-ree-shee et Science Killer. A part quelques rares fans en extase, la salle (essentiellement masculine, du moins en bas) reste terriblement apathique devant cette prestation, certes pas très joviale, comme en témoigne le silence gênant après l'annonce de la dernière chanson à venir.

On s'interroge une nouvelle fois sur la possibilité que le public parisien soit affreusement blasé... On vérifiera ensuite que ce n'était pas le cas - il n'est peut-être simplement pas curieux de ce qu'il n'est pas venu voir. Pourtant les Black Angels n'ont pas démérité, mais c'est typiquement le genre de musique à ne pas découvrir sur scène. Ou alors il ne faut pas être sobre - vu l'heure (il n'est même pas encore 20 h !), c'est pourtant sans doute ce qui s'est passé... A revoir.


Bref, le temps de faire une file qui frisait le grotesque pour aller aux toilettes (et que pour les mecs cette fois-ci, puisqu'il n'y avait pas beaucoup de filles mais que monsieur le zélé videur veillait à une stricte séparation), et voici venir le combo Wolfmother, version 2010 : Andrew Stockdale n'a plus sa moustache ni ses rouflaquettes, simplement une barbe de bon aloi. Il n'a plus ses musiciens d'origine (mais qui n'étaient pas particulièrement marquants) et a recruté, du moins bon au meilleur : un guitariste rythmique indolore et incolore (impossible de me souvenir de lui), un batteur massif et peu subtil mais à la frappe régulière (après tout, il ne joue pas du free jazz non plus, pas vrai ?), et un rigolo petit bassiste au look latino chevelu et moustachu (qui semble tout droit échappé de The Mars Volta).


Une autre chronique sur ce site a un peu méchamment comparé ce dernier à une sauterelle imitant Rob Trujillo : il est vrai qu'il est très énervé et très mobile, et que tous les bassistes ne peuvent certes pas avoir un physique de golgoth... Quoi qu'il en soit, dès leur entrée sur l'ozzyosbournissime Dimension on se rend compte qu'une deuxième soirée, bien moins sage, vient de commencer, une grand-messe païenne à la gloire des riffs les plus salaces et les plus jouissifs qui soient ! Cosmic Egg, joué avec de grands moulinets de bras à la Pete Townshend, déclenche un énorme vortex dans le public (viril, mais bon enfant) qui nous repousse en quelques minutes de dix mètres en arrière - autant pour nous, le public est bien là et bien chaud !


On passera seulement un bout du concert à s'inquiéter pour ce grand type frisé à lunettes, bourré comme un coing mais heureux à faire plaisir à voir, qui oscille dangereusement et se rétamera la gueule à plusieurs reprises pendant le concert ! Le regard du public, quand il n'est pas en train de se fritter la couenne, est magnétiquement attiré vers le leader, dont j'avais oublié à quel point il était charismatique - le reste du groupe est clairement à son service, dommage quand même qu'on ne voie pas assez le petit bassiste caché derrière son Korg. Album plus faible et trop long, avait-on lu et entendu, voire écrit soi-même ? Avec la sélection de ce soir, presque exlusivement les meilleurs titres, il est permis de se reposer la question... California Queen ? New Moon rising ? Deux tueries sur scène, quelqu'un en doutait peut-être ?


Difficile de ne pas se re-transformer en crétin congénital en jouant de son air-guitar préférée (la mienne est une Grestch rouge des années '70...). L'autre couche de chansons étant bien entendu composée des titres les plus marquants du premier album : Woman, également d'une bêtise musicale et parolière insondable mais totalement, euh, bandant. Même White Unicorn, pourtant assez plan-plan sur disque (le son de The Darkness et les paroles de Spinal Tap, que du bonheur...), s'en sort pas mal en live, grâce à son power riff terminal... Plus grasse et plus lente, 10 000 Feet brasse pourtant encore bien le public, bien trop excité pour marquer les changements de rythme.


La suite du concert est à l'avenant, tandis que le chroniqueur se bat pour ne pas paumer ses lunettes tout en marquant 2 ou 3 choses utiles : voici Apple Tree qui rappelle les meilleurs White Stripes, puis une fausse intro lente où Dédé vient jouer un peu sur le clavier de son copain, et qui débouche on ne sait comment sur la kholossale Colossal, chanson salace et à la montée irrésistible, assurément inspirée par le Malin et qui se finit par un pogo général - le public ressemble à une cage de kangourous en rut. Tandis que notre chevelu Stockdale court d'un bout à l'autre de la scène en lançant sa guitare en l'air, et ce sans même la prendre sur la gueule au point de retombée comme c'est pourtant généralement le cas...


Bon, il fallait bien faire un peu retomber le soufflé : White Feather et son côté hard FM à cloche dégueu (ils n'oseront quand même pas l'ignoble Far Away). Le groupe se reprend vite sur Sundial, encore un peu Guns'n'Roses-like mais déjà moins embarrassante. Avant de déboucher sur la faramineuse Pyramid, peut-être la plus totalement jouissive ce soir, avec la fabuleuse Backround qui la suit de près, même si avec tous ces morceaux de riffs jouissifs sur 2 accords, le plus dur est finalement de ne pas les confondre.... "Wolfmother, le rock c'est ça !" titrait Rock-n-Folk il y a quelques temps ? On ne saurait le dire plus clairement - en tout cas c'est très précisément notre conception de la chose.


A ce stade, l'intro calme de In The Castle ne trompe plus dégun : on a bien compris qu'on échapperait aux slows et aux balades, pour garder la fine fleur heavy metal, ridicule, joyeuse et régressive... dommage que la guitare soit un peu étouffée, mais c'est bon ! Le groupe sort de scène après avoir salué - au fait le père Stockdale a fait quelques blagues et commentaires sympas et bien sentis, nettement plus à l'aise que les précédents - par exemple, demander à son groupe pourquoi ils ne reviendraient pas jouer ici tous les 3 mois... 1 h 20 s'est écoulée et on est déjà bien repus de la performance. Ils reviennent sans trop attendre pour une balade psyché pas mal, toute en montées (Vagabond ?) qui sera donc le moment "calme" du concert et se finit pourtant dans une grande clameur.


Un petit solo de guitare plus tard, le frontman lève les bras aux ciel devant la pagaille qu'il vient encore de déclencher et nous voilà sur la ligne d'arrivée, avec un finish par K.O. : furieuse Joker & the Thief, qui nous achève littéralement dans un bordel assez extraordinaire, le bassiste étant grimpé sur son Korg - je ramasse 2 personnes d'affilée tandis qu'un ami renverse en chahutant, bien malgré lui et d'une petite poussette, la grande bringue bourrée dont il fut question plus haut - qui n'en est certes plus à une chute près. On n'en retrouvera d'ailleurs pas la trace à la fin du concert - mais vu les circonstances, un phénomène paranormal de type explosion spontanée n'est pas à exclure...


1 h 30 de bonheur presque total : formidable concert qu'a donné ce soir la Maman des Loups en cette froide soirée d'hiver, et totalement jouissif ! A condition bien sûr, d'avoir pris soin de laisser tous ses neurones à l'entrée (par exemple, surtout ne pas se demander ce que le grand chevelu a inventé, ou comment va bien pouvoir sonner son prochain album...). Car au final, ce groupe-homme certes primitif et ultra-référencé, est surtout sauvagement jouissif et à ce titre (l'identité géographique aidant) Wolfmother est le futur gardien du temple du gros rock qui tache, qu'on se le dise ! Angus Young va bien finir par casser sa pipe, hélas, et sûrement au milieu du solo de Whole Lotta Rosie, mais qu'à cela ne tienne, mes frères, d'autres australopithèques se tiennent prêts à reprendre le flambeau du Riff-qui-tue...

Photos N/B par Agathe Kipienne (merci m'dame !)
+ Photos "étoilées" par DPC (merci m'sieu !) : beaucoup plus de photos, et sa propre version du concert par !
+ Photo Bataclan : www.lesitedelevenementiel.com

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