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Chronique de Concert

Fontaines D.C.

Fontaines D.C. en concert

Le Transbordeur, Lyon 06 juin 2022

Critique écrite le par

Que savions-nous de Fontaines D.C. avant ce lundi 6 juin au soir ? Jeune groupe classé post-punk, d'origine irlandaise (mais sans une once de cette touche celtique parfois gonflante et qui va souvent avec !), auteurs d'un formidable premier album, Dogrel, en 2019... Aperçus à cette occasion au festival TINALS, dernier du nom, lors d'une première prestation trop courte - 30 minutes environ, en parfaits petits branleurs sachant se faire désirer/détester !


Armés de l'album révélation de 2019, ces jeunes lads étaient donc partis pour une carrière stratosphérique en 2020... mais se sont fait éclater les rotules à la batte de baseball par Mrs Covid-19 ! Ils ont bien réagi néanmoins, en sortant un deuxième album presque aussi enthousiasmant (et au final même, plus long en bouche), A Hero's Death - sans doute ce qu'on a le plus écouté en 2021 ! Plus une carte postale en vinyle envoyée lors du Disquaire Day, un touchant live sans public enregistré dans une prison désaffectée pour indépendantistes d'Irlande, Kilmainham Gaol...

Pour cette raison donc, même en étant un peu plus circonspects devant le 3e album, Skinty Fia, on avait très envie de les revoir, les 5 Fontaines D.C., quitte à devoir roter du sang pour le mériter.... C'est donc après avoir traversé les Neuf Cercles de l'Enfer Routier (aka l'A7 dans la Vallée du Rhône, sens des retours, un lundi de Pentecôte), qu'on est finalement arrivé.e.s pile à l'heure pour leur concert - à peine le temps de prendre deux bières d'un coup.


Pourquoi deux ? Parce que le Transbordeur, fort jolie salle par ailleurs, semble souffrir du syndrôme de la salle municipale subventionnée : service efficace certes, mais très sous-dimensionné et du coup, queues épiques avant concert... Le tout supporté, en apparence stoïquement, par un public de pas mal de mecs (plus) vieux (que nous). Qui juste après, par contre, rentrent assez agressivement dans la salle, sûrs de leur bon droit, jouant des coudes, nous écrasant les pieds et en nous aspergeant de leurs binouses au passage, une fois le concert déjà commencé. C'est con, les vieux. Surtout les Lyonnais !

Bon, il semble qu'il y ait eu une première partie mais à 20h35, elle avait déjà fini son set, dont acte. Quelques notes de Massive Attack et le nom de groupe inscrit en caractères gothiques, nous ont permis d'entrer dans l'ambiance, avant l'entrée assez triomphale de Fontaines D.C. ! Qui n'a pas lésiné sur la mise sous tension, avec un Lucid Dream inaugural. Pas mal, on y aurait pas pensé... C'est sûr qu'après ça Hurricane Laughter, explosive, continue à bien secouer les grelots, ouch, ça dépote !

Avant que Sha sha Sha mette enfin un peu de pop dans le mix, et que Roman Holiday puis I don't belong y ajoutent même un peu de nostalgie. C'est qu'à l'instar d'un Joy Division, également classé post-punk, ce groupe-ci est capable de sortir de la pop classieuse, ainsi que de la chanson-à-chialer-dans-sa-bière de qualité (même si la ressemblance s'arrête là...). Chequeless Reckless, jouée à 120 % de sa vitesse sur album, permet ensuite au chanteur, à défaut de nous parler à nous, de faire un bel exercice de déclamation (voix et paroles parfaitement audibles, puisque le son super bien réglé, ça c'est dit !).


On profite d'autant plus des lyrics qu'un voisin hollandais (...on a fini par lui demander), les connaît par coeur et fort heureusement, arrive à ne pas couvrir le lead singer (sans quoi, il eut peut-être fallu qu'on le tape un peu). Televised Mind est évidemment aussi fascinante que sur disque... et on profite de Nabokov (bof) pour aller recharger au bar, enfin déserté. Ca tombe bien, Big Shot nous parle également peu, même si on y discerne (sur disque) une ambition mélodique façon Radiohead. Pour revenir aux fondamentaux, Too Real sera parfaite, leur tube précovidique nous rappelant évidemment notre premier shoot de Fontaines D.C. !

Il faudra encore un passage par les chansons (selon nous) un peu dilettante How cold love Is/I Love You (la dernière étant pas mal sur scène au final) pour mériter enfin du vrillant A Hero's Death ("Life ain't always empty", indeed, c'est le climax du concert !). Avec son arrogance naturelle - attitude parfaite pour cette musique - et son maillot Adidas, on s'avise soudain que Grian Chatten a quelque chose d'un jeune Gallagher, circa 1995, les sourcils en moins. Autre nuance notable, ce côté petit con mais, sympathique. Pas du genre qu'on claquerait bien, ou alors juste pour un check amical !


Certes, sortie à 56 minutes sans dire merci, bonsoir, comment on s'appelle, quelqu'un est étonné ? Pas nous. On est absolument ravis, et suffisamment joyeux pour s'égosiller ! Pour y gagner un rappel, pas si mal : 3 titres orientés pop, avec Skinty Fia, voix sinistre et blanche, la pétaradante et vraiment jouissive Boys in the better land... et enfin Jackie down the Line, également transcendée sur scène. 1 h 15 au final ? Parfait, c'est 2,5 fois s la durée de notre première rencontre !

Et sinon, convivialité, interactions ? Nibe. Pas un mot non plus du genre chouette d'être là, happy d'être dans le France, on vous aime, we missed you, bla bla ? "No explain, no complain" ! Comme dit, paraît-il, la vénérable Queen à laquelle ces pauvres Irlandais sont encore affiliés, certes anachroniquement. On a pas besoin de forcer son charme quand on a des chansons et une prestance pareille, ou bien ? On a pas non plus besoin de jouer deux heures : au final les chansons, c'est pas la taille qui compte, c'est la façon dont on les sert (oui, oui c'est de nous).


Alors au final, que savons-nous de plus de Fontaines D.C. depuis ce lundi soir ? Rien qu'ils nous aient dit eux-même, donc. Mais tout ce qu'on enfin revu, et bien mieux vu : jeunes mais sûrs d'eux, branleurs mais explosifs, no look mais surdoués, taiseux mais inspirés... Et possiblement avec encore plusieurs albums passionnants sous la pédale : qu'ils sont le possible futur du rock ! En tout cas leur avenir en France, mais aussi vers l'infini et au-delà, a recommencé à s'écrire ce lundi. Come on guys : the sky is the focking limit !

Photos : nan, pas belles, pas de photographe attitré, je vais encore me faire engueuler. Si jamais vous êtes arrivé.e jusque là c'est que la chronique n'en avait pas besoin, pas vrai ?
(photo finale empruntée sur section-26.fr)

Setlist :
A Lucid Dream
Hurricane Laughter
Sha Sha Sha
Roman Holiday
I Don't Belong
Chequeless Reckless
Televised Mind
Nabokov
Big Shot
Too Real
How Cold Love Is
I Love You
A Hero's Death

Encore :
Skinty Fia
Boys in the Better Land
Jackie Down the Line


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