Chronique de Concert
The Limiñanas (featuring Bertrand Belin)
Les Limiñanas - lookés comme des hipsters du canal Saint-Martin - sont probablement l'un des tout meilleurs groupes de rock du monde : ils sonnent comme personne et ont élargi la palette qui les avait faits sortir d'un quasi anonymat il y a une dizaine d'années. D'un style garage psychédélique artisanal et épuré à leurs débuts, les Limis surfent désormais sur les sommets d'un krautrock hypnotique, au sein d'une formation scénique qui compte 5 musiciens en plus du couple titulaire à l'état civil de l'appellation du groupe. Cette escale au Trianon, leur antre parisienne attitrée depuis quelques années, est l'une des dates phares de la longue tournée qui accompagne la sortie du nouvel album, "De Pelicula". Elle se fera sans Laurent Garnier, cosignataire de ce nouvel opus, mais devant une salle sold out. Ce 6 décembre, les Limiñanas ont fait honneur à leur réputation et à leur nouvel album, largement représenté dans la set list.
En guise d'intro, c'est "Saul" qui ouvre le bal. Dès le second morceau, "Je rentrais par les bois... BB", on se retrouve pris dans une furie sonique digne des grands titres seventies de Hawkwind. On s'envole très haut, dans une transe space rock à laquelle nul ne peut résister. Si l'atmosphère redescend d'un cran dans les quelques titres qui suivent, de facture plus classique, c'est probablement dû au fait que ce sont des morceaux chantés. Le chant, c'est la faiblesse des Limiñanas... Assuré par deux musiciens du groupe sans grand charisme vocal, le chant - peu mis en valeur par une production qui le place en dessous de la musique - nuit à des morceaux qui auraient pu décoller avec un vrai frontman.
L'apparition de Bertrand Belin sur "Dimanche" vient me donner raison puisque tout de suite le niveau remonte d'un cran avec une superbe version habitée de cet excellent titre. Toutes les chansons qui suivent sont très bonnes ("The gift", "Funeral baby" et "Au début c'était le début", chantée également par Belin), ce qui nous emmène vers le climax de ce set. Avec "Ghost rider" et la reprise de Can, "Mother sky", on retrouve une transe hypnotique et furieuse totalement jouissive qui nous téléporte dans une galaxie dont seuls les très grands groupes possèdent la carte.
Apres un court break, les Limiñanas reviennent étancher définitivement la soif de riffs hypnotiques de leur public avec une reprise, un peu courte, de "Teenage kicks" des Undertones (l'un des meilleurs morceaux rock de tous les temps) et une nouvelle invitation à la transe sonique ("A train creep a loopin") qu'ils auraient pu faire durer 30 à 45 minutes, tant nous étions happés, mais qui clôture ce set après une version de 8 à 10 minutes "seulement". Encore une fois, les Limiñanas ont montré ce soir qu'ils étaient un groupe incroyable. Encore une fois, on se plait à les imaginer en duo avec un chanteur à leur niveau. Et bien sûr, on fantasme sur la rumeur pré covidienne qui annonçait une collaboration avec Iggy Pop ! Malheureusement, le temps file...
Photos : Alain Bibal (www.facebook.com/AlainBibalPhotography, www.instagram.com/bibbib64)
Liens : theliminanas.bandcamp.com/album/de-pel-cula, www.facebook.com/theliminanas, twitter.com/theliminanas, www.theliminanas.com, www.instagram.com/the_liminanas...
Une interview de L'Epée (The Limiñanas + Emmanuelle Seigner + Anton Newcombe de The Brian Jonestown Massacre), réalisée à Levitation France le 21 septembre 2019, est à lire ici...
Critique écrite le 11 décembre 2021 par lol
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