Accueil Chronique album : Catalogue - 6 Tracks Demo, par Lev
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Critique d'album

Catalogue : "6 Tracks Demo"

Catalogue :

Pop - Rock

Critique écrite le 18 mai 2017 par Lev

Catalogue, nom très approprié pour une formation à l'esprit globe-trotteur, qui s'est déjà promenée entre Marseille et Osaka, via des bleds du Texas, le tout formant effectivement une belle liste de villes ici et ailleurs, ce qui démontre au passage qu'ils n'ont pas peur de l'avion. Ils expliquent, si on le leur demande, qu'ils font du "Post punk", ce qui est étrange s'agissant d'une courte tendance musicale et surtout vestimentaire qui s'est systématiquement réclamée sans futur, donc à priori, sans postérité. Le groupe est mené par une petite femme de tête, chanteuse et guitariste, au sourire à la Debbie Harry, la mèche toujours sur l'œil, jolie et plutôt charismatique, la voix juvénile et sexy, mais juste ce qu'il faut. Elle a posé les jalons de sa musique dans un duo canaille et polyglotte, Human Toys. Comme les femmes ont parfois besoin des hommes, elle est épaulée par deux partenaires faussement flegmatiques et taciturnes, en public tout au moins : Eric, Mohican splendide de la scène marseillaise, aux chemises toujours soignées et Bruno, exilé tourangeau et jeune premier au crane luisant (supplée depuis par Raphael - ndP : Rudy plutôt non ? - , bassiste italo-martiniquais et spécialiste de Shakespeare.) Il y a de la noirceur chez Catalogue, en particulier dans les 6 titres de ce EP, la pochette illustrant bien le contenu, un fond noir siglé d'un idéogramme, mais beaucoup de brillance aussi, par reflet, comme dans les teintes que l'on trouve dans des tableaux de Soulages- qui dit ne pas peindre en noir ! Il s'agit d'une courte promenade en 6 chansons, aux titres un peu farfelus mais qui suscitent la curiosité. Les textes sont souvent étranges, ou bien je ne comprends rien à l'anglais. Ils sont dits, scandés ou chantés, à la façon de certains vers nerveux de Dylan Thomas. Le groupe sait trouver les justes durées : pas de morceau expédié comme trop souvent dans le Punk (il s'agit d'être le premier au bar !) mais pas trop longs non plus, lorsque l'envie vous prend subitement d'écourter pour entendre la piste suivante. Prenons au hasard Pretty One par exemple, et sa rythmique toute carrée, diffusée par une "boite à rythmes", dont les sons ronds et puissants sont bien éloignés des vilaines crécelles habituelles : 2'21, juste ce qu'il faut ! Catalogue, c'est une action et une expression directes, sans ornements superflus. C'est là son emprunt au punk. Mais il plane souvent sur sa musique ce qui pourrait ressembler aux ombres lointaines de Joy Division (N°5, au parfum "dark", sans virer dépressif pourtant). Peu de références à citer en vérité : le groupe a son expression propre et ne veut pas savoir s'il ressemble à quelqu'un d'autre...ou plutôt il s'en fout. Sa musique ne cultive pas la nostalgie Rock'n'Roll que l'on trouve chez bien des confrères et qui achève de nous fatiguer. Elle ne se veut pas résolument moderne non plus, remplie de ces sons électro agaçants, et pourtant elle est en prise avec notre époque, tout à la fois frénétique et tellement désabusée. 1978 en est l'illustration. Ce morceau n'est pas une dédicace à Mario Kempes, ni un hommage à la sainte mémoire de Paul le 6e, mort cette année-là, ni même encore une complainte en souvenir de Claude François, qui ne vit pas 1979, c'est une simple chanson de rock, plutôt grave et terriblement efficace.
La musique de Catalogue se voudrait brutale, elle est incisive au vrai, mais elle est sans cesse traversée d'un spleen léger, d'une paisible mélancolie, très actuelle, propre en particulier à ces générations d'adultes ordinaires qui ne comprennent pas ce que la mondialisation attend d'eux, trop las pour se questionner puis s'insurger ; à l'instar de Sleeping Revolution, un rêve de soulèvement, qui en vidéo (à voir sur YouTube) se transforme en une plongée préraphaélite dans la mer Méditerranée. Une métaphore pour dire tous les espoirs engloutis ? Les guitares jouent de brefs motifs (Dummy Boys), sans démonstration, autant de pastilles électriques, stridentes çà et là, qui dessinent le morceau par petites touches à la manière des peintres pointillistes du début du siècle passé. Les mélodies se répètent et deviennent à la longue entêtantes. Eric et Emma savent accrocher votre oreille.
Et toujours de la tension, du nerf, ainsi pour Cœur de Silex, belle et ambitieuse composition chantée, ou plutôt parlée, en français, langue qui s'avère convenir au timbre clair d'Emma et à l'écriture, ici plutôt tordu, du trio. Gageons que ce cœur de cette pierre si dure, n'est pas celui d'un être aimé... La basse tient là l'édifice ainsi que dans presque chaque chanson, avec l'impression que les cordes épaisses de l'instrument tendent de robustes piliers sur lesquels se posent le reste des instruments. Quand vous aurez fini d'écouter vos choses habituelles, prêtez donc attention à ces quelques titres. Vous vous rendrez compte que tout ce qui est écrit ici est vrai.

juillet 2016 (70 cds for their summer Japan tour)

 Critique écrite le 18 mai 2017 par Lev
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