Chronique de Concert
Nubya Garcia, Emile Londonien, Michael Leonhart & JSwiss (Jazz Des Cinq Continents)
Trois concerts assez différents avec des formations moins connues mais pas forcément moins accessibles.
Comme son nom ne l'indique pas, Emile Londonien est un trio originaire de Strasbourg (leur morceau "From the east" leur est dédié), mais leur musique s'inscrit dans la veine de la scène actuelle anglaise, rien d'étonnant de les avoir programmés avant Nubya Garcia.
Le long morceau d'ouverture de plus de 10 minutes donne le ton, la basse est très en avant donne envie de se lever de la pelouse, ce qui n'est pas gagné dans les premiers rangs.
Le coté limite funk fait un peu à penser aux délices de Herbie Hancock période "Headhunters", avec des moments assez spatiaux, l'intensité est progressive au fur et à mesure du set.
Le batteur joue bien saccadé façon broken beat, le claviériste (parfois au piano) n'est pas en reste et le bassiste s'avère également guitariste de haut vol.
Sur les derniers titres, un saxophoniste, déjà vu la semaine dernière au Mucem avec Louis Matute, s'invite à la fête.
Le changement de plateau est assuré par les Marseillais Marie Carnage dans un style plus New Orleans, la formation sera également là le lendemain.
La Londonienne Nubya Garcia et son excellent groupe débarque à Marseille pour la première fois ("pas comme à Londres où il pleut tous le temps") espérons pas la dernière.
Cette musicienne découverte pour ma part dans l'émission de Gilles Peterson depuis quelques années, cette soirée était une des dates qui m'intéressent pour cette édition.
De mère Guyanaise et de père Trinadien (tout ça fait d'excellents Anglais), cette trentenaire renouvelle un jazz résolument ouvert sur des sonorités très variées, avec des Ezra Collective ou The Comet Is Coming qu'on aimerait bien voir dans une prochaine édition).
Soniquement et visuellement c'est un petit choc, la saxophoniste a un charisme fou, sous ses lunettes de star, avec des déhanchés et des envolées à couper le souffle.
Après quelques titres puissants, elle ne tarit pas d'éloges sur la beauté de notre ville découverte hier, et s'enthousiasme de sa rencontre avec Gilberto Gil en coulisses ("je suis une autre personne depuis").
Les musiciens qui l'accompagnent électrisent un public heureux de se laisser emporter par ce groove mutant, comme ce mash up de Lee Perry et Jill Scott qui part autant dans le dub que dans la soul.
Que ce soit la contrebasse, la batterie, les claviers et quelques percussions, aucune fausse note et un rythme soutenu, sans temps mort, on aura un peu de mal à s'en remettre et se concentrer sur la suite.
Et pourtant de qualité avec le trompettiste américain Michael Leonhart au CV prestigieux (la fiche wikipedia donne le vertige) même si son nom n'est pas forcément connu du grand public contrairement aux artistes avec qu'il a joué.
Il est en mode Orchestra ce soir avec plus d'une dizaine de musiciens, dont une section de cuivres avec des musiciens du coin, des cordes, des flutes, des congas, l'entame est plaisante, classieuse même, mais plus calme que le concert précédent.
Des hommages appuyés à des artistes de renom (Lou Donaldson, Wayne Shorter, Sun Ra), le début est assez pointu, surtout après deux propositions plus faciles d'accès.
La performance ne décollera surtout qu'avec la venue du rappeur JSwiss et son flow old school et efficace.
Notamment quand il reprend le classique "Electric Relaxation" des regrettés A Tribe Called Quest entre autres plaisirs.
Plus de photos de Julien Confalonierie ICI
Vidéos
Emile Londonien
Nubya Garcia
Michael Leonhart & JSwiss
Critique écrite le 05 août 2023 par Sami
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