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Chronique de Concert

Steven Wilson

Steven Wilson en concert

Bataclan - Paris 26 Octobre 2011

Critique écrite le par

Une soirée très particulière se prépare (ou plutôt une journée devrais-je dire ...)
Mercredi 26 Octobre 2011 : Je pars à Paris à la rencontre de Steven Wilson. Oui, oui, Steven Wilson. Et quand je dis, à la rencontre, je pèse mes mots. Une dédicace chez Gibert Joseph (que tous les aficionados des CDs à des prix imbattables connaissent), puis une interview (30mn pour nous tous seuls !!!) et un concert au Bataclan ... C'est pas du programme ça ??!!!

Alors, la signature (après un petit shopping obligatoire) : nickel. Nous avons trouvé un Steven simple, à son habitude et d'une disponibilité absolue. Se prêtant avec le sourire à des dédicaces de parfois 5 ou 6 albums et autres collectors par personne; sans oublier les photos, signatures de guitare et autres bizoux ;)

L'interview ... Et ben, il va falloir aller la lire comme des grands !!

Venons en donc à ce concert. Le Bataclan : une découverte pour moi. Belle salle. Déco, espace, ambiance musicale ... Tout me plait. Il paraît que c'est une salle dans laquelle il fait vite très chaud. Elle n'est pas comble ce soir. Nous verrons bien.

La première partie, qui est tout un concept en fait, commence. Alors, sincèrement, il faut savoir que c'en est une. Un grand rideau semi transparent est tendu devant la scène, renvoyant l'image d'une église vide en noir & blanc. La musique qui monte résonne comme les battements d'un cœur. Le décor est planté. Petit clin d'œil au drôle de contraste de cet univers sombre et de la boule à facette qui trône au-dessus de nos têtes ... Un léger manque de chaleur humaine tout de même dans la salle (nous ne sommes pas assez nombreux), mais une musique qui monte en puissance et envahi bientôt l'espace, tout en étant de plus en plus riche et subtile. On ne peut apercevoir que les diodes de quelques appareil en transparence. L'image sur l'écran devient film ... Une silhouette momifiée de linges blancs prise au vent devant la mer, avec son reflet sur le mur du fond ... Noirceur de l'image et tonalités rock de la musique, qui illustre à la perfection l'univers de Steven Wilson.



C'est une conception particulière d'une première partie : le passage intégral de Cenotopath (nouvel album de Bass Communion, encore un autre groupe de notre boulimique créateur ... Comme si Porcupine Tree, Blackfield et une carrière solo ne lui suffisaient pas ;) !!) accompagné d'une sorte de film assez sombre et plutôt statique, diffusé sur un immense drap blanc. Après, aussi space que cela puisse paraître, ce n'est pas dénué d'intérêt. Et je pense que dans le noir complet et le silence, ça peut le faire. Mais là, il y a quand même beaucoup de bavardage, de lumière et il est difficile d'entrer dans le trip. De plus, le tout n'est pas forcément compris par un public qui cherche un peu ses marques et tente de lancer le concert par des démarrages de clappe sauvage.

Mais au bout d'une petite heure, quelques accords lancés derrière l'image géante laissent pressentir le commencement tout proche du set tant attendu. Une ombre immense et noire monte vers nous et les musiciens prennent place.

Ça démarre par un solo de batterie qui annonce bien la couleur (et toujours à l'abris du rideau, devenu voile transparent) : on va avoir du gros son ce soir !



Petit à petit, les instruments prennent la place de la bande son et le glissement d'une musique vers l'autre se fait tout naturellement. Mais la différence est tout a fait perceptible. Le son devient très électrique, mis en évidence par le choix de sonorité des guitares, du clavier et même de la flûte traversière quand elle s'en mêle. Quand à l'arrivée sur scène de Steven Wilson : elle est juste hyper théâtrale pour cet artiste habituellement si réservé ... C'est un Wilson transfiguré qui est devant nous ce soir.

Il commence à parcourir la scène, guitare au poing, à grands pas et grands coups de tête ... Quand à sa voix trafiquée par l'écho, elle semble totalement venue d'ailleurs. A la fois pure comme le cristal et pénétrante. Alors, c'est clair : le public, il a beaucoup attendu ... Mais il est beaucoup content !!!



Ce véritable déchaînement derrière le rideau, qui va rester en place jusqu'au quatrième morceau, donne un résultat d'un esthétisme très impressionnant et très wilsonien. Il nous adresse quelques mots au micro, d'une voix d'outre tombe robotisée du plus bel effet. Les jeux d'images sont toujours omniprésents. Son ombre se mélange à elles. C'est somptueux. Et lorsque sa guitare tombe, ses mains sont d'une rare volubilité. Il s'approche, s'éloigne, semble tituber ... Je ne crois pas l'avoir jamais vu aussi investi physiquement sur scène.

On sort de cette avalanche de puissance pour passer à la douceur des premiers accords de Deform To Form A Star . Il passe au piano. Il est omniprésent. Sa voix, ces harmonies, toutes ces inspirations qui se mélangent : c'est juste fabuleux et paradisiaque. Quand à lui, il est clair qu'il n'est plus avec nous et qu'il nous entraîne avec lui dans une autre dimension. Une forêt se dresse à présent entre lui et nous et l'improbable voyage continu. Les deux guitares et la basse ont repris possession de l'espace son, avec la clarinette qui se tord pour les suivre. Eclairs, tonnerre et le rideau tombe, laissant apparaitre Steven dans un halo de lumière ... La mise en scène est vraiment fantastique.

Il profite de ce premier contact en face à face pour nous adresser quelques mots, nous faire part de son plaisir d'être de retour à Paris (pour la première fois avec ces musiciens) et répond en souriant à un "I love you !!" par "Moi aussi je vous aime. Je ne vous connais pas, mais je vous aime quand même !" et nous annonce Postcard.



Assis derrière son piano à nouveau, il me semble retrouver un Wilson plus familier ... Comme si le voile en tombant, tel un masque du carnaval qui permet d'être celui que l'on veut être, avait ramener l'artiste plus discret que je reconnais.

Il y aura beaucoup de piano ce soir (et j'aime Steven Wilson au piano). Les images de Lasse Hoile sont omniprésentes et magnifient le spectacle, au même titre que de très très belles lumières. L'intensité est palpable. L'apport de la clarinette, de la flûte et de toutes ces sonorités jazzy est indéniable. Le tout dosé et se mélangeant à la perfection. Tant et si bien que lorsqu'il monte en devant de scène, le public est tellement fasciné que quasiment personne ne bouge.

Mais quand j'entend les premières notes de Harmony Korine, j'ai du mal à retenir un petit cri de plaisir ... Que d'autre vont lâcher pour moi sans hésiter !! La salle est à la fois au taquet et bouche bée. Il se cabre sur scène, avance vers nous tel un robot désarticulé dont on aurait perdu le contrôle. Il envoie une puissance phénoménale ... Tous d'ailleurs. Et le plaisir est tout aussi fort au démarrage de Veneno Para Las Hadas, qu'il joue au piano, à demi debout, tête renversée vers le ciel ... Musique envoutante s'il en est ...




Et puis, il nous annonce que jusque là, ce n'était que du "Easy stuff. Now it's going to be difficult ..." Mais non ... On va juste partager un Raider II de pas loin de 20mn (au jugé ... peut-être plus). Il est assis quasiment dos au piano, jouant d'une main et faisant le chef d'orchestre de l'autre. Chante si proche du micro que les lèvres l'effleurent. Et je peux vous dire que quand ça pète d'un coup ... Ça ne fait pas semblant !! Toutes les têtes de la fosse scandent le rythme et cela commence à vraiment à tourner à la grand messe !! Wilson te mélange tout ça avec de la guitare sèche, de la flûte traversière, lui même change trois fois d'instruments ... Ce mec à un génie de malade. Et nous, on subit (avec bonheur) un véritable crash test entre des mélodies jazz et du quasi métal qui te scotch sur place ... Sans oublier un solo de guitare à tomber par terre. L'espèce de demi final qui marque les 2/3 de ce morceau d'anthologie est tonitruant et absolument Toutes les mains sont levées (c'est le moins que l'on puisse faire !!). Cela se termine par une fin ... Qui n'en fini pas et des musiciens qui quittent la scène un par un, dans le sens inverse de leur arrivée.

La salle ne lâche pas la clappe jusqu'à leur retour. Dans le noir on ne voit que la guitare d'un autre monde de Aziz Ibrahim. En fait, elle est à mi-chemin entre instrument de musique et jouet électronique ;) : Le corps phosphorescent, le manche tout allumé de leds et un gant lumineux à la main droite ... Au cas où ça manquerait de fun !



Steven Wilson, lui, apparait tout sage et au calme, assis sur un tabouret haut. Mais très vite il s'éclipse ... pour revenir équipé d'un masque à gaz, images apocalyptiques en fond. On peut dire que c'est une fin digne de ce concert : la vision de Wilson ainsi masqué, en train de jouer de la guitare comme un furieux, Marco Minneman debout derrière sa batterie, Aziz Ibrahim jouant avec les dents ... La tempête ... Les éclairs ... Impressionnant !! Non, pas assez fort : Epoustouflant !!!

Et là-dessus, au final, ils nous font un petit salut tout simple, tranquilles, sereins et heureux. Wilson nous indique du doigt les noms de toute l'équipe qui s'écrit au fur et à mesure sur l'écran de fond, pour finir par un "Thank you & good night".

Malgré tout cela, le public ne quitte pas la salle. La musique de fond a repris, avec toujours des images de Lasse Hoile qui défilent. Mais on est toujours là. On résiste ... Il reviendra une dernière fois sur scène pour nous dire que c'est vraiment terminé, mais nous adresse un dernier merci la main sur le cœur ... Quelle soirée mes aïeux, quelle soirée !!!



Nick Beggs : Basse
Adam Halzman : Claviers
Aziz Ibrahim : Guitare
Marco Minnemann : Batterie
Théo Travis : Saxo, Clarinette, Flûte, Piano ...

Setlist
No Twilight Within The Courts Of The Sun
Index
Deform To Form A Star
Sectarian
Postcard
Remainder The Black Dog
Harmony Korine
Abandoner
Like Dust I Have Cleared From My Eye
No Part Of Me
Veneno Para Las Hadas
Raider II
------------------------------------------------
Get All You Deserve



Une chronique réalisée pour Concerts en Boîte

Steven Wilson : https://www.concertsenboite.fr/2011/10/26/steven-wilson/

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