Chronique de Concert
Yessaï Karapetian
Atelier Sevin Doering, Marseille 05 décembre 2021
Critique écrite le 12 décembre 2021 par Pirlouiiiit
Ca alors je croyais avoir pris une note ou deux et puis non. Alors on va faire ça de mémoire. Cette semaine a été riche en concert ... je ne sais pas si c'est parce que j'ai trop de boulot que je sors plus pour ne pas oublier ce qui est vraiment important dans la vie ou si c'est pour conjurer le sort et que les concerts ne redeviennent pas bêtement interdits, mais ce qui est sûr c'est que je ne me limite plus aux vendredi et samedi soirs : après avoir été voir Bongi à l'Espace Julien mercedi, après avoir fait l'impasse des concerts de Mure au Lollipop et Jules Henriel à la Voie Maltée (pour regarder la moitié de Lawrence d'Arabie en famille), samedi nous sommes allé voir John Massa and co au Roll'Studio puis j'ai fini seul à la Meson pour le premier soir de la Carte Blanche à Ottilie B puis au Makeda pour les BelpheGorZ. Et comme j'avais fini toutes mes chroniques je me suis laissé tenté en revenant du Noël de AMU par la proposition du JAM hors les murs.
En effet en ce dimanche soir ils recevaient Yessaï Karapetian pour un piano solo dans le cadre unique de l'atelier Sevin Doering (que je ne connaissais pas encore mais dont j'avais entendu dire le plus grand bien). Je galère un tout petit peu pour trouver la bonne rue. Au 5 je rentre sous un porche qui donne accès à plein d'entrées toutes dans le noir. N'ayant pas plus d'indications j'envoie un sms à Henri ... pas de réponse. Je fais demi-tour me redirigeant vers la rue quand j'entends un "Pirlouiiiit" chuchotté provenant d'un coin complètement noir. C'est John qui est venu m'ouvrir la porte et me fait pénétrer dans ce lieu aussi bien caché que magnifique.
Effectivement j'aurai le souffle coupé (en silence car le concert avait commencé) en rentrant. Bon vous avez les photos donc ce n'est pas la peine que j'essaie de vous décrire les bibliothèques, les lustres, les costumes, les autres objets. Le mieux est que je vous renvoie plutôt sur son site ou sa page fb. Je me faufile sur le côté et m'arrête près d'une porte mentaux plein de costumes justement
>De trois quarts de dos j'ai une belle vue sur le piano. Je constate que la tenue de Yessai est beaucoup moins excentrique, sinon en tout cas plus sobre que la dernière fois que je l'ai vu au Poste à Galène dans son trio electro jazz OneFoot. Son jeu aussi l'est d'ailleurs. Il reste quelques grimaces et cette façon de chanter en jouant, mais c'est sasn artifices et juste beau. D'ailleurs pas un mot dans la salle.
Sa première prise de parole me confirme qu'il a sacrément muri. Humble par rapport à l'exercice "nouveau" (ce n'est que son 2 ou 3ème a priori) qu'il qualifie de "challenge de malade", il remercie la salle dans laquelle il sent "enormement de support" avant de se reprendre ("c'est ridicule de parler anglais") quand on lui souffle le mot "soutien".
Exercice nouveau où toutes les directions sont possibles et au cours duquel il se "laisse la porte ouverte". Beaucoup d'improvisations parsemées de compositions comme ce Sail to the moon de Radiohead ou ce standard des années 40 I guess I'll hang my tears to dry signé Jule Styne (merci Wikipedia).
C'est donc devant un public super attentif et respectueux (malgré une table qui a l'air de faire office de bar) qu'il jouera pendant une bonne heure des compos et des adaptations mais aussi quelques morceaux de lui déjà disponible version "full band" sur internet, et qu'on aura le plaisir de retrouver dans son premier album solo qui doit sortir le 28 janvier 2022.
Lors d'une de ses pauses entre les morceaux il nous parlera de Joanne Brackeen (dont il dira à son sujet qu' "elle fait partie des plus grands") auprès de qui il est allé se former et comment il a cherché (et réussi "elle m'avait un peu sous-estimé ;-)" ) à l'impressionner en jouant un morceau particulièrement technique qu'elle avait composé. Et d'ajouter qu'il a eu le sentiment d'en apprendre plus sur le jazz en discutant avec elle de ce qu'elle avait fait il y a 40 ans ou en la voyant écrire sur une feuille qu'en bossant une semaine comme un fou chez lui.
Bref, étant resté en contact avec elle et lui ayant dit qu'il pensait le rejouer ce soir (pour la première fois depuis 2 ans) il s'enregistrera avec son téléphone à sa demande pour qu'elle puisse l'écouter. Et en effet ce Egyptian Dune Dance tout plein de cassures valait le coup d'oreille !
Des ambiances différentes il y en aura. Comme toujours je préférerai les passages les plus rapides et les plus rock pendant lesquels j'aurai les yeux rivés sur lui (et pendant lesquels je me permettrai de prendre un peu plus de photos). Pendant les plus calmes je laisserai mes pensées vagabondées au gré de ce que mes yeux croiseront dans cette caverne d'Ali Baba.
Après avoir joué une composition de Keith Jarret No more lonely night, suivi d'une de ses compositions Doppelganger10 "je suis un peu mégalo mais j'ai pas fait exprès c'est venu tout seul", il remerciera Henri Fioreet John Massa du feu JAM et désormais "JAM hors les murs" qui le suivent depuis longtemps et l'ont invité ce soir.
Après un petit dernier morceau en solo (to wisdom, the prize de Larry Willis), c'est à Christophe Leloil qu'il rendra hommage ( " un musicien important de cette ville, de cette région et de ce pays") en l'invitant pour une reprise d'un standard Reflections de Thelonious Monk ce dernier semblait vraiment touché voire intimidé (en tout cas il n'a presque pas fait de blague cette fois). Magnifique en tout cas.
Sous un tonnerre d'applaudissement ils reviendront d'ailleurs pour un court rappel tous les 2 pour clore cette soirée en beauté. Waw. Pour ma part je ne trainerai pas trop ; c'est qu'on est dimanche soir quand même (et que demain la semaine attaque fort comme à chaque fois) et qu'en je m'étais dit que je ferais surement un petit saut à la Meson pour le Karaoke jazz de Ottilie B ... En sortant par la même porte que celle par laquelle j'étais rentré je croiserai Yessaï que je féliciterai maladroitement en lui faisant part de mon admiration et lui rappelant le chemin parcouru depuis ce concert du Grant' Ork en 2010 à l'Espace Julien ...
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Critique écrite le 12 décembre 2021 par Pirlouiiiit
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