Chronique de Concert
January Sons + The Inspector Cluzo
En première partie, un supergroupe local et apparemment récent, les January Sons, composé de morceaux des déjà souvent vus et tout à fait recommandables Ashbay, The HOST, et de Donna Ashtray ( que je ne connais pas). On y joue un rock tendance folk qu'on pourrait qualifier de grand public mais pas honteux non plus, un peu formaté par moments. On préfèrera les digressions folk à la mandoline, ou les moments où ça s'énerve à la micro-batterie (dernier morceau par exemple). S'agissant des (belles) ballades exécutées à trois voix, c'est vrai qu'un jeudi soir on les écouterait plus volontiers en position assise... Ce n'est certes pas la musique la plus facile à défendre en live, où la plupart des groupes a tendance à se réfugier dans des rythmes plus rapides, ou alors des gimmicks plus flagrants, pour garder l'attention.
Disons que quand on est venu se faire souffler dans les bronches, on est pas forcément dans la bonne dynamique pour un truc un cran en dessous en terme de tension nerveuse ? Quoi qu'il en soit on passe une bonne partie du set à se demander collectivement à qui (une voix très connue !) nous fait donc penser la belle tessiture du chanteur d'Ashbay, mais aucune des idées qui viennent n'est satisfaisante (Michael Stipe ? Bono ? Kurt Cobain ? ... je ne les cites pas toutes pour n'embarrasser personne, mais non, pas INXS et A-Ha, enfin !). Le chanteur de The HOST de son côté, fait très bien le job - avouons qu'on préfère toutefois les compositions de cet autre groupe. Le troisième larron aussi sait chanter, ce qui permet des choeurs assez harmonieux et plaisants. Sympa mais pas, ou pas encore inoubliable, on peut découvrir une vidéo d'eux ici avec un son plus ... garage.
Bon, c'est pas tout ça mais l'enjeu c'était bien de revoir The Inspector Cluzo, les bluesmen slash éleveurs de canards (après une claque magistrale reçue aux Eurockéennes l'été dernier et le très chouette disque Rockfarmers découvert depuis). Précédés d'un roadie magnifique (look de hipster, mais en costard-cravate), ils se pointent sur un air de folklore, tirés à quatre épingles comme la fois précédente (et probablement comme toujours). Le premier morceau, assez tranquille, permet de nous raconter leur passage précédent par ici, il y a longtemps, quand ils tournaient avec Fishbone (leur influence majeure au début de leur carrière - il en ont gardé la très funky Two Days), suivi de leur morceau anthem et nettement plus pétaradant, Rockfarmers, déclaration d'intentions explicite de nous en mettre plein tronche (après tout ces mecs-là sont revenus vivants du Hellfest !), mais sans les coin-coin en arrière-plan comme sur disque.
Au fil de leur set très classe, des compositions jusqu'aux costumes donc, on reconnaîtra agréablement les parfaites et joliment étirées Fishermen, Quit the Rat Race ou dans un style plus potache, l'inévitable Fuck The Bass Player qui avait lancé leur carrière. Par contre un petit réglage sonore me dérangera tout le concert au point de vouloir monter le dire à l'Ingéson (inaccessible, hélas) : la batterie, pour partie (caisse claire), est un poil trop haut ou plutôt, la guitare un poil trop basse, dommage car on perd un peu la mélodie dans le mix par moments... Fort heureusement, ils sont bons musiciens, leur duo est parfaitement huilé. Et la voix du chanteur reste assez bluffante - c'est quand il chante que c'est vraiment le mieux ! Je n'ai pas de meilleure image que de me recopier de la fois précédente : sur un titre comme la splendide The Run (mise en danger maximale), la voix du très velu Laurent Lacrouts va de Lee Hazlewood à Dan Auerbach (trois bonnes octaves donc...) et elle reste agréable dans les deux cas, ce qui est assez admirable... Ils sont aussi bons ambianceurs, grands pourvoyeurs de mimiques et de gestuelles marrantes. Le public qui s'est agité tout le set, les rejoint bien volontiers pour le désormais célèbre : "Put your hands in the air, we're Inspector Cluzo !"
Au sympathique "adishatz" final, après avoir passé un super moment, on constate quand même une énergie déployée un poil en deça de la fois précédente : étant en début d'une nouvelle tournée (et sans doute fatigué après des mois de travail à la ferme), le chanteur n'a pas tout a fait mis la même conviction à dauber ses voisins (bordelais cette fois), ni à vilipender les concerts en playback, l'inutilité des bassistes ou encore, la nullité du public dans ses accompagnements... Bien sûr il nous dira quelques mots sur l'importance du terroir et de la transmission (c'est aussi pour ça qu'on aime leur concept de double profession, unique en son genre !), il évoquera la grippe aviaire qui frappe cruellement la région des Landes en ce moment en vantant les petits élevages de plein air (ça aurait mérité d'être plus détaillé...), et en tout cas, on pouvait aussi leur acheter du confit d'oie au merchandising ! Autre petite déception, le batteur élégantissime Mathieu Jourdain n'a pas fini complètement debout sur sa grosse caisse à tout fracasser...
Mais nul doute qu'après quelques temps sur la route, la faim leur reviendra encore davantage : en attendant, ils restent à recommander sur scène, sans hésitation.
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Critique écrite le 24 février 2017 par Philippe
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