Chronique de Concert
Tony Allen Quartet, Roy Ayers band + Seun Kuti & Egypt 80 (Festival Jazz des Cinq Continents)
L'année dernière je ne sais plus pourquoi mais je n'avais couvert aucun des concerts du festival (oui je réutilise mon intro de la précédente chronique !). Cette année 3 soirs. Après (notamment) la très peu souriante Norah Jones lundi, puis le très souriant Taj Mahal mercredi me voici de retour au parc longchamp (oui oui ce parc dont la mairie s'obstine à vouloir abattre des arbres centenaires pour construire un parking inutile cf ici et là) pour le dernier soir du festival avec une double affiche qui s'avérera être triple puisque nous passerons soirée avec Tony Allen Quartet, puis the Roy Ayers Band avant de la finir avec Seun Kuti & Egypt 80 ...
Ayant passé la journée à manier le karcher, la tondeuse et autres instruments que j'utilise assez peu, non seulement nous n'avons pas réussi à passer au Lollipop Music Store pour revoir les japonais de Degurutieni mais en plus nous avons failli arriver en retard. Parti avant Svet et Alice en vélo je commence à gravir les escalier du Palais Longchamp à 21h, aperçois Hugues Kieffer en train de finir son discours introductif sur cette soirée "afrobeat", et me retrouve au pied de la scène au moment où Tony Allen et ses musiciens entrent sur scène. Je suis vous vous en doutez en nage.
La première fois que j'avais vu Tony Allen c'était en 2001 dans le cadre de la Fiesta des Suds. C'est encore au Dock des Suds que je l'avais à nouveau aperçu dans le "Damon Albarn's Africa Express" en 2013. Cette fois il est en quartet avec à ses côtés (de gauche à droite) Irving Acao au saxophone, Matthias Allamane à la contrebasse, et Jean-Philippe Dary (le local de l'étape comme on dit) au piano. Cette première partie de soirée porte le nom du disque qu'ils viennent de sortir chez Blue Note : "tribute to Art Blakey".
Dès la fin du 3ème morceau Tony Allen s'adressera sobrement au public de derrière se batterie (et ses lunettes noirs) pour nous dire en gros "je ne vais pas vous parler longtemps car sinon j'aurais moins le temps de jouer." "Merci à chacun d'entre vous d'être venu écouter ce que l'on fait" "qu'importe tony allen afrobeat bla bla bla ou autre chose, je suis là pour vous divertir" "si je n'ai pas le temps de le refaire je veux déjà vous remercier un million de fois d'être là". Et en effet à partir de là, en dehors d'une ou deux prise de parole de Jean Philippe pour présenter les musiciens il ne s'agira plus que de musique (et de sourires).
Encore une je suis bien embêté pour trouver les mots pour vous parler de la musique (j'ai déjà du mal en temps normal mais pour le jazz c'est encore pire - le plus simple est peut être que je vous renvoie vers cette video - même si le saxophoniste n'est pas le même) ... tout ce que je peux dire c'est que je ne me suis pas ennuyé une seconde pour du jazz instrumental pourtant assez "classique" joué par 4 musiciens assez statiques sur l'immense scène du festival . De longs morceaux où chacun a le temps d'y aller de son solo (jamais trop long), saxo, contrebasse, piano ... Servis par un son bien meilleur que l'autre fois ce fut un régal de les écouter, de près comme de loin.
Après avoir constaté que les odeurs d'anti-moustique (il y en a quand mêm bien moins cette année que l'année dernière) couvrent presque les odeurs de tabac et croisé pas mal de têtes connues entre les 2 bars, me revoici devant pour Roy Ayers. Impossible de trouver le nom de ses musiciens, pourtant là aussi les 3 furent bons et souriants : piano, batterie et bassiste !
Au début je dois avouer que j'ai eu un peu peur quand j'ai entendu que la flute était jouée au clavier sur Searching et puis progressivement vu la varitété des sons qui sortiront de son claiver (notamment un truc un peu poisseux assez sympa) et surtout l'adresse de celui qui était derrière j'oublierai vite cette impression. D'ailleurs en regardant la façon dont Roy le regardait pendant qu'il jouait je me suis dit que je n'étais pas le seul. C'est d'ailleurs, cette façon que Roy Ayers avait de regarder ses musiciens pendant leurs solos/i, un truc que j'ai trouvé bien sympa.
D'autant que des solo il y en aura puisque la plupart des morceaux étant sur le modèle : chant et vibraphone par Roy, puis solo de piano puis solo de basse ou batterie. Contrairement au groupe précédent là il y a du chant. Après Searching ce serait Red black and green (when you think about it you know what I mean), puis Running away sur laquelle je lui trouverai une certain parenté vocale avec Winston McAnuff (encore !).
La suivante (la dernière dont je noterai le nom) sera Everybody loves the sunshine un de ses tubes, un peu balade comme peut en faire Jimmy Cliff par exemple, que -je dois l'avouer- je découvrais ce soir. La suite je l'écouterai de plus loin en mangeant un petit hot-dog à 3 euros (de l'autre côté ils n'en avaient plus). Groovy, funky, voire disco ... bref du jazz mais pas que qui aura ravi le public présent ce soir.
Une petite heure plus tard, salut des 4 musiciens et ovation du public, suivi d'un nouveau changement de set. C'est que Egypt 80 c'est quand même une petite troupe. Sitôt celui-ci fini, le percussionniste / chauffeur de salle viendra ... chauffer le public en brandissant la setlist de ce soir (cool, je note !) et en introduisant chacun des musiciens lorsqu'il entre sur scène soit (si les infos sur le site sont à jour) Tajudeen Lekan Animasahun aux claviers, Adebowale Osunnibu au sax bariton, Ojo Samuel au sax tenor, Oladimeji Akinyele à la trompette (ah si il doit y avoir des erreurs car ce soir il y avait 2 trompettes, et je crois u seul autre sax), Kunle Justice à la basse, ni Joy Opara ni Iyabo Adeniran à la danse et au chant, David Obanyedo à la guitare (principale) et Oluwagbemiga Alade à l'autre, Ajayi Raimi Adebiyi à la batterie, Kola Onasanya au conga géant (notre MC du début), Wale Toriola aux percussions et Okon Iyamba au shekere
Après un premier morceau chanté par le trompettiste, Seun Kuti fera son entrée dans une tenue que je n'aurais jamais osé porter même en pyjama mais qui sur lui rendait super bien. Même les chaussures étaient assorties. Il commencera au saxo avant de passer au chant. Petit cafouillage avec le micro qu'il lui faudra dévisser pour pouvoir emmener avec lui .. Cafouillage qui durera encore un bon moment avec semble-t-il des problèmes de communication entre le staff technique et son percussionniste qui essayer de résoudre le problème. Bien qu'assez gênant et déconcentrant ça n'a pas eu l'air de l'énerver ...
Finalement c'est peut-être plus moi que ça a embêté que lui ;-) Je gardais un très bon souvenir du passage de Seun Kuti & Egypt80 au dock des suds en 2007. Et si ce soir je n'ai pas retrouvé la même folie, le même entrain c'était quand même bien sympathique. Commencé un peu avant minuit le set durera une bonne heure, heure pendant laquelle il dansera, pendant laquelle le joueur de shekere se mettra enfin à sourire, heure pendant laquelle la danseuse ne s'arrêtera presque pas de secouer son corps (uniquement pour chanter) ...
Lors de la deuxième partie du set ils seront rejoints par Roy Ayers et ses musiciens ainsi que sur un morceau par Tony Allen. Même si je comprends la portée symbolique / historique de cette réunion sur scène j'avoue que d'un point de vue strictement musical ce n'était pas transcendant. Toy jouait du vibraphone, Tony était caché dans le fond pendant que Seun faisait le chef d'orchestre en arpentant la scène ... De la fin du concert je retiendrai le regard médusé de Roy devant la danseuse, le haut de Seun qui tombe enfin et le final les poings en l'air le dos tournée au public comme à chaque fois.
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Critique écrite le 31 juillet 2017 par Pirlouiiiit
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