Chronique de Concert
(mon) Hellfest 2023, 1-3 : Generation Sex, Dvne, Hollywood Vampires, Celeste, Behemoth, Amenra (+ Hypocrisy, Kiss, Fishbone)
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Hellfest, édition XVI, et troisième pour nous ! Assez, on l'espère, pour avoir un avis à peu près informé, et donc pour nous être autorisé à rédiger par ailleurs un teaser en forme de disclaimer, destiné à écarter toutes les choses qui fâchent les gens (ou pas..) à propos de ce festival, et pouvoir mieux consacrer ces chroniques à son contenu et à son expérience unique... Expérience qui a commencé dès Avignon ce matin, quand on a croisé un premier hellbanger, en grande tenue 100 % merchandising du festival, dans le Marseille-Lyon !
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On finit le voyage par la traditionnelle traversée piétonne de Clisson (où l'on se perd toujours un peu, surtout quand "Barbaud a fait bloquer des rues" - comme nous a dit un riverain !), et contrairement aux fois précédentes, ce n'est pas à l'entrée du site qu'on attendra des plombes... Puisque le bracelet-magique-qui-rend-tout-gratuit y est vite obtenu, vers 16 heures, tout comme ensuite la tente en carton à l'Easycamp (voir notre chronique de 2022 pour plus de détails sur cette modalité de camping pas donnée, mais foutrement pratique quand on vient de loin).
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Mais c'est à l'entrée du festival, face à la Cathédrale, qu'il y a un moulon (comme on dit à Marseille) digne d'un rassemblement syndical, un lendemain de 49.3... Ouverture tardive des portes peut-être ? On patientera donc en buvant une bière bien méritée au Metal Corner, une bière elle-même la plus longtemps attendue de tout le séjour. Mais hey, mieux vaut ça que debout sous le cagnard avec le sac sur le dos, pas vrai ?
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Musicalement, on commencera avec les Generation Sex, contraction de survivants des Sex Pistols (un groupe qui a lancé le punk) et de Generation X (un groupe qui l'a raté)... On y trouve donc de vieux lads anglais à peu près septuagénaires, avec de plus ou moins bonnes mines : ce brave Billy Idol est botoxé de partout et ressemble donc un peu à une figurine, tandis que Paul Cook, lui, fait au contraire un assez beau vieux ! Surtout comparé avec les images d'eux-même circa 1977, projetées derrière eux sur écran (ce qui est quelque peu déprimant à la longue)...
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Ils interprètent en mode karaoke des tubes plus ou moins passés dans l'histoire : plutôt moins comme Dancing with myself de Gen X, plutôt plus comme God Save the Queen des Sex P (climax du concert, évidemment) ou encore My Way de euh... de Claude François bien sûr, hasardeux mais plaisant ! Il manque quand même deux personnes sur scène à l'évidence, d'autant qu'elles ont été soigneusement gommées des images, et que l'une d'elles est quand même morte depuis 44 ans... Mais pour les autres, pouvoir encore chanter "No future for me !" devant 20 000 personnes à 70 ans, c'est à la fois un peu stupide... et pas si mal !
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On part alors découvrir la nouvelle scène VALLEY, arrachée d'un coin du site pour la replanter à l'autre. Excellente idée, c'est pile celle qui provoquait les pires embouteillages, en plus des sons qui se gênaient d'une tente à l'autre !... Désormais la scène est accessible, on a de la place, elle ressemble à une petite soeur jumelle de la Warzone, avec toutes les commodités. La statue de Lemmy trône en majesté au milieu de cette fausse symétrie, et mine de rien le site est un poil plus grand qu'avant - pas du luxe !
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Le groupe qui y joue, Dvne, excellent sur album, ne donne d'abord pas grand chose sur scène. Puis les enchaînements de plages prog (presque pop) et de déchaînements stoner (presque sludge) finissent quand même par nous emporter un peu, d'autant que ces francophones d'Edimbourg sont très sympas, que leur son est nickel, et que les burgers du stand The Beast sont vraiment très bons ! Emportés oui, mais assis dans l'herbe en train de baffrer, donc...
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Les puristes maitholle vont hurler mais tant pis : nous on kiffe grave Hollywood Vampires sur scène, ne serait-ce que par son casting trois étoiles. On a pardonné beaucoup de choses à Johnny Depp, qui a évidemment toute sa place ici (voir notre chronique de 2018 pour le 'Johnny-Depp-at-the-Hellfest-WTF-disclaimer'), mais il faut avouer qu'avec ce bonnet rasta, il cherche vraiment de nouvelles emmerdes, ce petit c... !
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Heureusement pour lui qu'on l'a aimé récemment - en costume déjà improbable - dans le beau film Jeanne du Barry de Maiwenn. Non seulement on ne lui a pas trouvé la tête d'un foie gras (même si cette formule du Masque d'Inter nous a fait péter de rire !), mais il nous a paru tout à fait crédible en roi Louis XV ! Tout comme il est crédible ici - ce couvre-chef ignoble mis à part - en side-kick d'un all-stars-band flamboyant, où "the man with a thousand faces" (jolie formule d'Alice Cooper) parvient parfois presque à se faire oublier...
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Le super-groupe, on le sait, enchaîne ses propres compositions de heavy rock pas mal (Raise the Dead, Boogieman surprise), avec des reprises que lui inspirent les disparus ou les foufous célèbres du genre (exemple, Baba o'Riley de The Who), tout en suivant plus ou moins l'actualité nécrologique (on avait ainsi eu un Ace of Spades de bonne tenue, snif, en 2018). Sur scène, Alice Cooper, toujours ultra-charismatique, place ses propres tubes kitsch, pas fou le mec (I'm Eighteen, School's Out), Joe Perry peut jouer son beau solo sur sa jouissive Walk this Way...
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... Et bien sûr, Johnny Depp continue à capter une bonne partie de la lumière, quand il groove sur du rock (People who died)... Et surtout quand il (me) chante, comme il y a 5 ans, Heroes de David Bowie... Un mec déglingué mais mythique pour vous, qui chante sans doute la plus belle chanson d'une de vos divinités mortes, quelqu'un résisterait ? Moi pas, j'en deviens une petite fleur tremblant dans le vent, avec à nouveau les poils qui se dressent et les yeux qui se mouillent.... C'est sublime ! Great rock'n'roll gig, once again, merci messieurs !
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Après les megastars, on redescend d'un coup dans l'anonymat le plus total (mais volontaire) des 4 lyonnais de Celeste, noyés dans la fumée, visibles uniquement par leurs lampes frontales rouges... Pour avoir déjà vu le groupe, on se souvenait que c'était du très lourd, à la fois plombé et un peu plombant. Coulées de lave visqueuse (une touche sludge), hurlements de goule (une touche black)... dommage, le son est un peu noyé lui aussi, mais ça reste assez beau, on y perçoit quand même une émotion désespérée, qui semble un peu faire écho à ces squelettes tournant sans fin dans une roue, sur l'oeuvre installée tout à côté à la Valley... A réécouter éventuellement sur disque, car sur scène ça sonne un poil monochromatique, quand même.
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Sur le créneau suivant, peu réjouissant, on a le choix entre le grand-guignol de Kiss (dont rien ne nous a jamais intéressé, ni visuellement, ni musicalement), et le death assez austère d'Hypocrisy. On teste un peu les deux : le premier est juste distrayant à regarder 10 minutes, car mené par de bons entertainers, le temps d'avaler un snack - mais on ne peut pas dire que l'ambiance soit folle non plus devant la Mainstage, qui rutile pourtant comme l'entrée d'un bordel japonais, avec ses statues en carton-pâte géantes et mégalo... Problème, on aime pas non plus le groupe suédois, sous la tente spécialisée Altar... et dont le chant nous paraît presque religieusement mono-bloc. C'est qu'on s'est levés à 6 h du matin, aussi, et qu'on a plus 20 ans ... D'ailleurs Madame déclare forfait à ce moment-là.
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Avant-dernier hotspot de la journée, on voulait absolument voir un peu les vénérables Behemoth (et aussi pouvoir les comparer le lendemain avec Gorgoroth, rapport aux noms qui se ressemblent... même si l'un est une bête dans l'Ancien Testament, et l'autre un lieu dans J.R.R. Tolkien, merci Wikipedia !). A voir le nombre de t-shirts, ils ont un bonne fanbase ! Derrière le rideau initialement tendu, leur esthétique s'avère en effet assez cool. Comme souvent (mais pas toujours) dans le black metal, c'est un peu plus "fun" que le death précédent...
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Plus speed évidemment, mais aussi avec des voix plus chantées, des riffs plus musicaux tout en ne renonçant pas à une belle brutalité, et il y a quelques flammes bien placées pour faire le spectacle. Certes ces Polonais, dûment maquillés de blanc et noir (...qui a dit : "Ah oui, comme Kiss ?" - tu veux une claque, gros ?), ils ne rigolent sans doute que quand ils se brûlent (comme on dit chez nous)... Ou peut-être, quand ils se cognent le pif dans leur étrange déco en ferraille, devant eux. 20 bonnes minutes en leur compagnie nous suffiront donc, mais au moins elles ont été agréables, à voir comme à entendre !
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Les derniers qu'on voulait revoir (vus ici en 2018) sont les mythiques belges d'Amenra, assez inclassables en termes de "something metal", mais dont on connaît la formule magique : enchaîner des passages calmes, chantés aigü et guitarisés acoustique, avec des déchaînements de violence hurlante et tellement désespérés qu'entre deux hoquets sanglants, on pourrait presque en rire nerveusement, comme des déments enfermés dans un donjon oublié. Leur chanteur semble toujours vivre dans le même enfer, en noir et blanc, et se débattre dans une vie tragique et possiblement capitonnée - il nous tourne le plus souvent le dos...
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Mais comme dans notre souvenir c'est tout à fait... super beau à entendre, ma parole ! Tout reste très clair dans le son, aussi bien sur les accalmies que sur les zones de tempête ! Et quelque chose de cette tristesse insondable passe, et finit par nous prendre aux tripes, presque malgré nous. Même si l'écho du raffut infect du I was made for loving you des hideux perruqués a platform shoes vient, hélas, troller l'un des moments les plus atmosphériques. Très belle musique au final - attention quand même à ne pas dépasser la dose prescrite. Ne doit pas être pris en combinaison avec des tranquillisants !
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Pour finir la soirée, on tente le coup avec Fishbone à la Warzone, un groupe cité comme influence de pas mal de choses (non metal) qu'on a aimées ensuite... Mais vraiment ça ne passe pas musicalement, c'est trop foutraque pour nous et puis du saxophone à une 1h30 du mat', faut pas pousser Mémé non plus, on aime déjà pas ça à 19 heures ! Autant en garder sous la pédale pour la suite : on est déjà demain et c'est largement le moment de retourner à la (Kar)tente !
Le vendredi, day two, c'est par ici !
Critique écrite le 19 juin 2023 par Philippe
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